Elle empoigna son Canon noir, et d'un mouvement habile, immortalisa les personnes qui l'entouraient. Will, Ann, Chesa, Laurent. Tous appelés par le même nom : Amis. Longtemps elle s'était sentie seule, longtemps elle avait doutée de ses capacités à paraître agréable et mieux, à l'être, puis, ils avaient débarqués dans sa vie sans prévenir, et tout avait changé. Envahie de bonheur, elle les serra contre elle, profitant de ce dernier moment avant l'éloignement, avant qu'elle ne parte pour L'Académie Barychnikov. Jamais elle ne les oublierait, jamais, et partir là-bas, sans eux, l'emprisonnait dans les chaînes mystérieuses que sont celles de l'angoisse.

Elle s'étala sur son lit, et avec une enfantine simplicité, pleura. Pleura pour tout le négatif, pleura pour tout le positif. Pleura parce que trop de sentiments s'entrechoquaient en elle. Ses larmes coulèrent longtemps, comme le jour où ses parents divorcèrent. C'était en 1998, elle avait sept ans, et pendant de longs mois, elle s'était terrée dans ses idées noires. Puis, parce que le temps avait fait son oeuvre invisible, elle avait compris, et la vie avait continuée. Les choses avaient repris leurs places, et ne plus voir ses parents unis ne l'avaient plus dérangé. A neuf ans, elle recommençait à vivre. A douze, elle photographiait le monde.
D'abord avec un petite numérique d'une qualité médiocre, ensuite avec un appareil plus sophistiqué, et enfin avec du matériel quasi-professionel. Elle mettait en boîte tout ce qu'elle pouvait, ne se rassasiant jamais des couleurs, des sentiments et des émotions que pouvaient produire une simple image. Et cachée derrière son appareil, elle avait découvert des trésors inconnus d'elle-même. Un garçon en particulier. Amour éphémère mais qui au début, lui avait parut inébranlable et sincère. Comme tous les premiers amours. Elle avait treize ans et était une fille amoureuse. Elle avait quatorze ans et brûlait les clichés de cet amour qui n'avait été qu'un tissus de mensonges et d'illusions.
Alors elle avait cessé de photographier. Mélancolique, la vie lui avait parut grise et ennuyante jusqu'à ce que sa mère lui offre un inattendu cadeau : un demi-frère. Et parce que sa passion avait vibré de plus belle en elle, timidement, un beau jour d'été, elle avait exposé ses trésors dans une petite galerie qui faisait l'angle de deux rues marchandes. Son oeuvre avait plus. A dix-sept ans et avec grand sourir, elle recevait une enveloppe contenant la réponse à sa folle demande d'admission à L'Académie Barychnikov. A dix-septs ans, avec un grand sourir et des larmes de joie, elle était admise.
Puis quelques jours plus tard, après ce dernier rendez-vous avec ses amis, elle s'étala sur son lit, et avec une enfantine simplicité, pleura. Pleura de joie, d'angoisse, de peur, d'exaltation. Pleura parce qu'une fois là-bas, il faudrait tout recommencer. Et arrivée une fois là-bas, Metild souria : cela n'allait peut-être pas être si dur, finalement.